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Hors des sentiers battus
Société et liberté

  "Hors de la société civile chacun jouit d'une liberté très entière, mais qui est infructueuse, parce que comme elle donne le privilège de faire tout ce que bon nous semble, aussi elle laisse aux autres la puissance de nous faire souffrir tout ce qu'il leur plaît. Mais dans le gouvernement d'un État bien établi, chaque particulier ne se réserve qu'autant de liberté qu'il lui en faut pour vivre commodément, et en une parfaite tranquillité, comme on n'en ôte aux autres que ce dont ils seraient à craindre. Hors de la société, chacun a tellement droit sur toutes choses, qu'il ne peut s'en prévaloir et n'a la possession d'aucune ; mais dans la république, chacun jouit paisiblement de son droit particulier. Hors de la société civile, ce n'est qu'un continuel brigandage et on est exposé à la violence de tous ceux qui voudront nous ôter les biens et la vie ; mais dans l'État, cette puissance n'appartient qu'à lui seul. Hors du commerce des hommes, nous n'avons que nos propres forces qui nous servent de protection, mais dans une ville, nous recevons le secours de tous nos concitoyens. Hors de la société, l'adresse et l'industrie sont de nul fruit : mais dans un État, rien ne manque à ceux qui s'évertuent. Enfin, hors de la société civile, les passions règnent, la guerre est éternelle, la pauvreté est insurmontable, la crainte ne nous abandonne jamais, les horreurs de la solitude nous persécutent, la misère nous accable, la barbarie, l'ignorance et la brutalité nous ôtent toutes les douceurs de la vie ; mais dans l'ordre du gouvernement, la raison exerce son empire, la paix revient au monde, la sûreté publique est établie, les richesses abondent, on goûte les charmes de la conversation, on voit ressusciter les arts, fleurir les sciences ; la bienséance est rendue à toutes nos actions et nous ne vivons plus ignorants des lois de l'amitié."

 

Thomas Hobbes, Le Citoyen, 1642, chapitre X, § 1, tr. fr. Samuel Sorbière, GF, 1982, p. 195.

 

  "Hors de l'état civil, chacun jouit sans doute d'une liberté entière, mais stérile ; car s'il a la liberté de faire ce qui lui plaît, il est en revanche, puisque les autres ont la même liberté, exposé à subir tout ce qui leur plaît. Mais, une fois la société civile constituée, chaque citoyen ne conserve qu'autant de liberté qu'il lui en faut pour vivre bien et vivre en paix, de même que les autres perdent leur liberté juste ce qu'il faut pour qu'ils ne soient plus à redouter. Hors de la société civile, chacun a droit sur toutes choses, si bien qu'il ne peut néanmoins jouir d'aucune. Dans une société civile par contre, chacun jouit en toute sécurité d'un droit limité. Hors de la société civile, tout homme peut être dépouillé et tué par n'importe quel autre. Dans une société civile, il ne peut plus l'être que par un seul[1]. Hors de la société civile, nous n'avons pour nous protéger que nos propres forces ; dans une société civile, nous avons celles de tous. Hors de la société civile, nul n'est assuré de jouir des fruits de son industrie[2] ; dans une société civile, tous le sont. On ne trouve enfin hors de la société civile que l'empire des passions, la guerre, la crainte, la pauvreté, la laideur, la solitude, la barbarie, l'ignorance et la férocité ; dans une société civile on voit, sous l'empire de la raison, régner la paix, la sécurité, l'abondance, la beauté, la sociabilité, la politesse, le savoir et la bienveillance".

 

Thomas Hobbes, Le Citoyen, 1642, chapitre X, § 1.


[1] Un seul : le despote qui, selon la théorie de Hobbes, est chargé de faire régner l'ordre.
[2] Industrie : activité productive.



  "L'observation et l'expérience relatives aux phéno­mènes sociaux apprirent bientôt aux hommes que, pour obtenir les avantages de l'existence en société, il fallait obéir à certaines règles. La moralité a com­mencé avec la société. La société n'est possible qu'à condition que chacun de ses membres cède plus ou moins de sa liberté d'action individuelle. Chez les sociétés primitives, l'égoïsme individuel était une force centrifuge d'une telle intensité qu'elle amenait constamment l'organisation sociale à deux doigts de sa destruction. De là, la prééminence des règles positives d'obéissance aux vieillards et de fidélité à la famille ou la tribu en toute difficulté, l'accomplissement des rites religieux, parce qu'on pensait que leur non-obser­vance les compromettrait auprès des puissances sur­naturelles dont le culte est un des premiers produits de la pensée humaine, et enfin les règles négatives qui empêchent chacun de s'ingérer dans la vie ou dans la propriété des autres.
  La forme la plus élevée de la société hu­maine qu'il soit possible de concevoir est celle où le désir de faire ce qui convient à tous domine et limite l'action de chaque membre de la société. Plus l'orga­nisation sociale est complexe, et plus grand est le nombre des actes dont chaque homme doit s'abstenir s'il désire faire ce qui convient à tous. Ainsi l'évolution progressive de la société est synonyme de la restriction croissante de la liberté individuelle en certaines directions."

 

Thomas Henry Huxley, Science et religion, 1893, Introduction, tr. fr. H. de Varigny, Librairie J.-B. Baillière et Fils, p. 48-49.

 

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Date de création : 14/04/2015 @ 07:59
Dernière modification : 20/01/2023 @ 08:44
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