"L'idée de l'émergentisme[1] (mot du philosophe G. H. Lewes, 1875) a été suggérée par une comparaison avec une réaction chimique : H et 0 sont deux gaz qui ont leurs propriétés particulières ; lorsqu'ils se combinent par l'effet d'une étincelle électrique, ils donnent de l'eau, corps nouveau que la connaissance la plus complète des deux gaz ne pouvait aucunement permettre de prévoir ; les propriétés de l'eau sont une émergence. Or le mécanisme radical, qui se présente comme le seul fils légitime de la science, affirme que toute action peut être prédite si l'on a une connaissance complète des conditions antécédentes, en raison de l'enchaînement continu des causalités ; le futur est contenu en puissance dans le passé. […]
[Pour les émergentistes] il y a dans le Cosmos divers degrés de complication en série continue, sans brisure : électrons, atomes, molécules, cristaux, êtres vivants ; les constituants de chaque degré, en devenant parties du degré supérieur, acquièrent de nouvelles propriétés imprévisibles et suivent de nouvelles lois, l'entier étant plus et autre que la somme de ses parties ; ainsi les électrons dans les atomes, les atomes dans les molécules,les constituants physico-chimiques dans les êtres vivants. Alors émergent des nouveautés, dontla plus élevée et la dernière est la conscience."
Lucien Cuénot, Invention et finalité en biologie, 1941, Flammarion, pp. 146-147.
[1] Ici, Lucien Cuénot expose une idée avec laquelle il est en désaccord.
Date de création : 20/07/2011 @ 10:12
Dernière modification : 20/07/2011 @ 10:15
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