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Texte à méditer :  Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.  David Hume
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Hors des sentiers battus
La justice formelle

  "Un acte est formellement juste s'il observe une règle énonçant l'obligation de traiter d'une certaine manière tous les êtres d'une catégorie déterminée. Remarquons que la règle elle-même n'est soumise à aucun critère moral ; la seule condition qu'elle doit remplir est d'une nature purement logique […].
  On peut se demander, et non sans raison, si cette indétermination sur le contenu même de la règle ne peut amener des esprits retors à échapper à toute accusation d'injustice formelle, tout en leur laissant une liberté d'action presque complète, en leur permettant l'arbitraire le plus entier. Rien n'empêche en effet, quand on désire ne pas traiter selon la règle un être d'une certaine catégorie essentielle, de modifier la règle par une condition supplémentaire qui ferait apparaître deux catégories là où il n'y en avait qu'une seule auparavant : cette subdivision permettrait, du coup, de traiter autrement des êtres qui feraient dorénavant partie de deux catégories différentes. La modification peut être quelconque : elle peut aussi bien consister en une restriction se rapportant à des conditions de temps ou d'espace qu'en une limitation affectant n'importe quelle propriété de membres de la catégorie. Au lieu de dire « Tous les M doivent être P », on dira, par exemple, « tous les M nés avant 1500 doivent être P » ou « tous les M nés en dehors de l'Europe doivent être P » ou en général « tous les M affectés de la qualité A doivent être P » […].

  Au lieu d'agir d'une façon formellement injuste, en traitant de manière inégale deux êtres faisant partie de la même catégorie essentielle, on préférera modifier la règle de façon que, formellement, l'action soit juste et irréprochable."

 

Chaïm Perelman, Justice et Raison, 1963, Éd. de l'Université de Bruxelles, 1972, p. 62-63.


 

  "Il y a évidemment une grande différence entre un pouvoir à qui l'on demande de placer les citoyens dans des situations matérielles égales (ou moins inégales) et un pouvoir qui traite tous les citoyens selon les mêmes règles dans toutes les activités qu'il assume par ailleurs. Il peut en vérité surgir un conflit aigu entre ces deux objectifs. Comme les gens diffèrent les uns des autres en de nombreux attributs que le gouvernement ne peut modifier, celui-ci serait obligé de traiter chacun fort différemment des autres pour que tous obtiennent la même situation matérielle. Il est incontestable que pour assurer une même position concrète à des individus extrêmement dissemblables par la vigueur, l'intelligence, le talent, le savoir et la persévérance, tout autant que par leur milieu physique et social, le pouvoir devrait forcément les traiter de façon très dissemblable pour compenser les désavantages et les manques auxquels il ne peut rien changer directement. Et d'autre part, la stricte égalité des prestations qu'un gouvernement pourrait fournir à tous dans cet ordre d'idées conduirait manifestement à l'inégalité des situations matérielles résultantes."

 

Friedrich Hayek, Droit législation et liberté 2, 1976, PUF Quadrige, 1995, p. 98-99.

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Date de création : 27/07/2011 @ 20:35
Dernière modification : 03/12/2025 @ 17:13
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