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Texte à méditer :  Deviens ce que tu es.
  
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Hors des sentiers battus
Subjectivité et réalité

  "Un monde sans sujet – est-ce pensable ? Mais pensons à présent que toute vie a été anéantie d'un seul coup, pourquoi le reste ne pourrait-il pas continuer tranquillement à se mouvoir et demeurer exactement tel que nous le voyons maintenant ? [...] À supposer que les couleurs soient subjectives – rien ne nous dit qu'on ne pourrait pas les penser objectivement. La possibilité que le monde soit semblable à celui qui nous apparaît n'est pas du tout écartée par le fait que nous reconnaissons les facteurs subjectifs. Éliminer le sujet par la pensée – c'est-à-dire vouloir se présenter le monde sans sujet : c'est contradictoire : représenter sans représentation ! Peut-être y a-t-il cent mille représentations subjectives. Une fois notre représentation humaine éliminée par la pensée – il reste celle de la fourmi. Et si l'on imaginait une disparition totale de la vie, à l'exception de la fourmi : l'existence dépendrait-elle vraiment d'elle ? Certes, la valeur de l'existence dépend des êtres sensibles. Et pour les hommes l'existence et l'existence douée de valeur sont souvent une seule et même chose."

 

Nietzsche, Aurore, Fragments posthumes, X, D 82.


 
 "Les physiciens croient à leur manière à un « monde vrai », à une systématisation des atomes qui se groupent en mouvements nécessaires, d'une façon qui serait fixe, semblable pour tous les êtres, si bien que pour eux le « monde apparent » se réduit à l'aspect de l'être universel et universellement nécessaire, qui demeure accessible à tous les êtres selon leur nature (accessible et cependant remanié, rendu « subjectif »). Mais ils font erreur sur ce point. L'atome tel qu'ils le supposent est une déduction due à la logique qui règle ce perspectivisme de la conscience – il est donc lui-même une fiction subjective. L'image de l'univers telle qu'ils l'esquissent n'est pas essentiellement différente de l'image subjective de l'univers ; elle est construite à l'aide de sens plus élaborés, mais uniquement â l'aide de nos propres sens... Et en fin de compte ils ont oublié à leur insu un élément essentiel de cette constellation, ce perspectivisme nécessaire, grâce auquel tout centre de force – et non pas l'homme seulement – construit tout le reste de l'univers en partant de lui-même, c'est-à-dire lui prête des dimensions, le palpe, le modèle à la mesure de sa force... Ils ont oublié de faire entrer dans leur calcul de l'« être vrai », (de l'être subjectif, dans le langage de l'école) cette force qui détermine la perspective. Ils croient que c'est un fait d'évolution, surajouté – mais le chimiste lui-même en a besoin ; c'est l'être spécifique, le fait d'agir ou de réagir de telle ou telle manière, selon le cas.
 Le perspectivisme n'est qu'une forme complexe de la spécificité. Je me représente que tout corps spécifique tend à se rendre maître de tout l'espace et à y déployer sa force (sa volonté de puissance) et à repousser tout ce qui résiste â son expansion. Mais il se heurte sans cesse à des efforts analogues des autres corps et finit par conclure un compromis (par « s'unir ») avec ceux qui lui sont suffisamment analogues ; ils aspirent ensuite de concert à la puissance. Et le processus continue...
 III-VI 1888 (XVI, § 636)."
 
Nietzsche, La Volonté de Puissance, 1ère partie, Ch. IV, le monde pensable et mesurable, § 375, Gallimard, tel, 1995, p. 356.

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Date de création : 18/11/2011 @ 14:24
Dernière modification : 18/11/2011 @ 14:31
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