Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont  destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas  indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié  dans son ensemble. 
  
  "Que  notre vie était heureuse, c'est ce dont nous ne nous apercevons qu'au moment où  ces jours heureux ont fait place à des jours malheureux. Autant les jouissances  augmentent, autant diminue l'aptitude à les goûter : le plaisir devenu habitude  n'est plus éprouvé comme tel. Mais par là même grandit la faculté de ressentir  la souffrance ; car la disparition d'un plaisir habituel cause une impression  douloureuse. Ainsi la possession accroît la mesure de nos besoins, et du même  coup la capacité de ressentir la douleur. - Le cours des heures est d'autant  plus rapide qu'elles sont agréables, d'autant plus lent qu'elles sont plus  pénibles ; car le chagrin, et non le plaisir, est l'élément positif, dont la  présence se fait remarquer. De même nous avons conscience du temps dans les  moments d'ennui, non dans les instants agréables. Ces deux faits prouvent que la  partie la plus heureuse de notre existence est celle où nous la sentons le  moins." 
  
Schopenhauer, Le monde comme  volonté et comme représentation,1819, trad. A. Burdeau, Paris, PUF, 1966, p.  1337. 
  
1. Dégagez  la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie. 
2.  Expliquez : 
a) « le  plaisir devenu habitude n'est plus éprouvé comme tel » ; 
b) « la  possession accroît la mesure de nos besoins » ; 
c) « nous  avons conscience du temps dans les moments d'ennui ». 
3.  N'avons-nous conscience de notre bonheur que lorsqu'il a disparu  ? 
 
 
  "- Il a fallu la guerre pour nous apprendre que nous étions heureux, dit Berthier, toujours grave. 
  - Oui, il a fallu connaître la misère, approuve Gilbert. Avant, nous ne savions pas, nous étions des ingrats… 
  Maintenant, nous savourons la moindre joie, ainsi qu'un dessert dont on est privé. Le bonheur est partout : c'est le gourbi où il ne pleut pas, une soupe bien chaude, la litière de paille sale où l'on se couche, l'histoire drôle qu'un copain raconte, une nuit sans corvée… Le bonheur ? mais cela tient dans les deux pages d'une lettre de chez soi, dans un fond de quart de rhum. Pareil aux enfants pauvres, qui se construisent des palais avec des bouts de planche, le soldat fait du bonheur avec tout ce qui traîne. 
  Un pavé, rien qu'un pavé, où se poser dans un ruisseau de boue, c'est encore du bonheur. Mais il faut avoir traversé la boue, pour le savoir." 
 
 
Roland Dorgelès, Les crois de bois, 1919, Chapitre VI, Le livre de poche, 1974, p. 171-172. 
 
 
 
 
Date de création : 13/03/2012 @ 14:21 
            Dernière modification : 08/04/2013 @ 15:38 
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