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Texte à méditer :  Deviens ce que tu es.
  
Pindare
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Hors des sentiers battus
La distinction moyen/fin

  "Tous les hommes ont en vue un même but : la gloire et les richesses ; mais, dans tout ce qui a pour objet de parvenir à ce but, ils n'agissent pas tous de la même manière : les uns procèdent avec circonspection, les autres avec impétuosité ; ceux-ci emploient la violence, ceux-là usent d'artifice ; il en est qui sont patients, il en est aussi qui ne le sont pas du tout : ces diverses façons d'agir, quoique très différentes, peuvent également réussir. On voit d'ailleurs que de deux hommes qui suivent la même marche, l'un arrive, l'autre pas ; tandis qu'au contraire deux autres qui marchent très différemment, et, par exemple, l'un avec circonspection et l'autre avec impétuosité, parviennent également à leur terme : or, d'où cela vient-il, si ce n'est que ces deux manières de procéder sont ou ne sont pas conformes aux temps. C'est ce qui fait que deux actions différentes produisent un même effet, et que deux actions pareilles ont des résultats opposés. C'est pour cela encore que ce qui est bien ne l'est pas toujours. Ainsi, par exemple, un prince gouverne-t-il avec circonspection et patience : si la nature et les circonstances des temps sont tels que cette manière de gouverner soit bonne, il prospérera ; mais il décherra  au contraire, si la nature et les circonstances du temps changeant, il ne change pas lui-même de système."


Machiavel, Le Prince, 1513, Chapitre 25.


 

  "Si l'on tient la liberté pour le principe et le but de toute activité humaine, il est également faux que l'on doive juger les moyens sur la fin et la fin sur les moyens. Mais plutôt la fin est l'unité synthétique des moyens employés. Il y a donc des moyens qui risquent de détruire la fin qu'ils se proposent de réaliser, en brisant par leur simple présence l'unité synthétique où ils veulent entrer. On a tenté de déterminer par des formules quasi mathématiques à quelles conditions un moyen peut être dit légitime : on fait entrer dans ces formules la probabilité de la fin, sa proximité, ce qu'elle rapporte en regard de ce que coûte le moyen employé. On croirait retrouver Bentham et l'arithmétique des plaisirs. Je ne dis pas qu'une formule de ce genre ne puisse s'appliquer à certains cas. Par exemple dans l'hypothèse, elle-même quantitative, où il faut sacrifier un certain nombre de vies humaines pour en sauver d'autres. Mais, dans la majorité des cas, le problème est tout différent : le moyen utilisé introduit dans la fin une altération qualitative et qui, par conséquent, n'est pas mesurable. Imaginons qu'un parti révolutionnaire mente systématiquement à ses militants pour les protéger contre les incertitudes, les crises de conscience, la propagande adverse. La fin poursuivie est l'abolition d'un régime d'oppression ; mais le mensonge est lui-même oppression. Peut-on perpétuer l'oppression sous prétexte d'y mettre fin ? Faut-il asservir l'homme pour mieux le libérer ? On dira que le moyen est transitoire. Non, s'il contribue à créer une humanité mentie et menteuse, car alors les hommes qui prendront le pouvoir ne sont plus ceux qui méritaient de s'en emparer ; et les raisons qu'on avait d'abolir l'oppression sont sapées par la façon dont on s'y prend pour l'abolir."
 
Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?, 1948, Folio essais, 2011, p. 284-285.

Date de création : 22/02/2013 @ 17:35
Dernière modification : 01/01/2014 @ 16:51
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