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Texte à méditer :  Soyez philosophe ; mais, au milieu de toute votre philosophie, soyez toujours un homme.  David Hume
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Hors des sentiers battus
Les critères du vrai

  "Nous allons maintenant passer en revue tous les actes de notre entendement, par lesquels nous pouvons parvenir à la connaissance des choses sans aucune crainte d’erreur : l’on n’en admet que deux, l’intuition et la déduction.
  Par intuition [1], j’entends non pas le témoignage instable des sens, ni le jugement trompeur de l’imagination qui opère des compositions sans valeur, mais une représentation qui est le fait de l’intelligence pure et attentive, représentation si facile et si distincte qu’il ne subsiste aucun doute sur ce que l’on y comprend ; ou bien, ce qui revient au même, une représentation inaccessible au doute, représentation qui est le fait de l’intelligence pure et attentive, qui naît de la seule lumière de la raison, et qui, parce qu’elle est plus simple, est plus certaine encore que la déduction.
  Nous entendons par déduction tout ce qui se conclut nécessairement de certaines choses connues avec certitude. Il a fallu procéder ainsi, parce que la plupart des choses sont l’objet d’une connaissance certaine, tout en n’étant pas par elles-mêmes évidentes ; il suffit qu’elles soient déduites à partir de principes vrais et déjà connus, par un mouvement continu et ininterrompu de la pensée, qui prend de chaque terme une intuition claire : ce n’est pas autrement que nous savons que le dernier anneau de quelque longue chaîne est rattaché au premier, même si nous ne voyons pas d’un seul et même coup d’œil l’ensemble des anneaux intermédiaires dont dépend ce rattachement.
  Nous distinguons donc ici l’intuition intellectuelle et la déduction certaine, en ce que l’on conçoit dans l’une une sorte de mouvement ou de succession et non dans l’autre ; et parce qu’en outre, pour la déduction, il n’est pas besoin comme pour l’intuition d’une évidence actuelle ; mais que c’est à la mémoire qu’elle emprunte, d’une certaine manière, sa certitude."

 

Descartes, Règles pour la direction de l’esprit, 1628, Règle troisième.


 [1] Du latin : intueri = voir = vision intellectuelle.


 

    "Les sens quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles, ne sont pas suffisants pour nous les donner toutes, puisque les sens ne donnent jamais que des exemples, c'est-à-dire des vérités particulières ou individuelles. Or, tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu'ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité, car il ne suit point que ce qui est arrivé arrivera de même. Par exemple les Grecs et Romains et tous les autres peuples de la terre connue aux anciens ont toujours remarqué qu'avant le décours de 24 heures, le jour se change en nuit, et la nuit en jour. Mais on se serait trompé si l'on avait cru que la même règle s'observe partout ailleurs, puisque depuis on a expérimenté le contraire dans le séjour de Nova Zembla [1]. Et celui-là se tromperait encore qui croirait que, dans nos climats au moins, c'est une vérité nécessaire et éternelle qui durera toujours, puisqu'on doit juger que la terre et le soleil même n'existent pas nécessairement, et qu'il y aura peut-être un temps où ce bel astre ne sera plus, au moins dans la présente forme, ni tout son système. D'où il paraît que les vérités nécessaires, telles qu'on les trouve dans les mathématiques pures et particulièrement dans l'arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépend point des exemples, ni par conséquence du témoignage des sens, quoique sans les sens on ne se serait jamais avisé d'y penser."

 

Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain, 1704 (publiés en 1765), Préface, Paris, 1990, GF, p. 38.

[1] Archipel de l'océan Arctique.

 

  "Si la nature de l'homme l'oblige dans chaque instant de sa durée de tendre vers le bonheur ou de chercher à rendre son existence agréable, il lui est avantageux d'en trouver les moyens et d'écarter les obstacles qui s'opposent à sa pente naturelle. Cela posé, la vérité est nécessaire à l'homme, et l'erreur ne peut jamais lui être que dangereuse. « La vérité, dit Hobbes, n'intéresse les hommes que parce qu'elle leur est utile et nécessaire : les connaissances humaines, pour être utiles, doivent être évidentes et vraies : il n'est point d’évidence sans le témoignage de nos sens : toute connaissance qui n'est point évidente n'est qu'une opinion. »
  L'opinion est la reine du monde. « Nos volontés, dit le même philosophe, suivent nos opinions, et nos actions suivent nos volontés ; voilà comment le monde est gouverné par l'opinion. » Mais l'opinion n'est que la vérité ou la fausseté établie sans examen dans l'esprit des mortels ; les opinions universelles sont celles qui sont généralement admises par les hommes de tout pays ; les opinions nationales sont celles qui sont adoptées par des nations particulières. Comment distinguer si ces opinions sont vraies ou fausses ? C'est en recourant à l'expérience et à la raison, qui en est le fruit ; c'est en examinant si ces opinions sont réellement et constamment avantageuses au grand nombre ; c'est en pesant leurs avantages contre leurs désavantages ; c'est en considérant les effets nécessaires qu’elles produisent sur ceux qui les ont embrassées, et sur les Êtres avec qui ils vivent en société.
  Ainsi, ce n'est qu'à l'aide de l'expérience que nous pouvons découvrir la vérité. Mais qu'est-ce que la vérité ? C'est la connaissance des rapports qui subsistent entre les Êtres agissant les uns sur les autres ; ou, si l'on veut, c'est la conformité qui se trouve entre les jugements que nous portons des Êtres, et les qualités que ces Êtres renferment éternellement."

 

Paul-Henri Thiry D'Holbach, Essai sur les préjugés, 1770, Chapitre I, in Œuvres philosophiques complètes, tome II, Éditions Alive, 1999, p. 7.



  "Qu'est-ce que la vérité ? C'est avec cette vieille et fa­meuse question que l'on pensait pousser à bout les logi­ciens, et que l'on cherchait à les prendre en flagrant délit de verbiage ou à leur faire avouer leur ignorance, et par conséquent la vanité de tout leur art. La définition de nom qui consiste à dire que la vérité est l'accord de la connaissance avec son objet, est ici admise et suppo­sée ; mais on veut savoir quel est le critérium général et certain de la vérité de toute connaissance. C'est déjà une grande et infaillible preuve de sagesse et de lumières que de savoir ce que l'on peut raisonna­blement demander. En effet, si la question est absurde en soi et si elle appelle des réponses oiseuses, non-seu­lement elle couvre de honte celui qui la fait, mais elle a aussi parfois l'inconvénient de jeter dans l'absurdité celui qui y répond sans y prendre garde, et de présenter ainsi le ridicule spectacle de deux personnes, dont l’une trait le bouc (comme disaient les anciens), tandis que l’autre tient le baquet. Si la vérité consiste dans l’accord d’une connaissance avec son objet, cet objet doit être par- même distingué de tout autre ; car une connaissance contînt-elle d’ailleurs des idées applicables à un autre objet, elle est fausse quand elle ne s’accorde pas avec celui auquel elle se rapporte. D’un autre côté, un critérium universel de la vérité de­vrait être bon pour toutes les connaissances, sans distinc­tion de leurs objets. Mais, puisqu’on y ferait abstraction de tout contenu de la connaissance (de son rapport à son objet), et que la vérité porte justement sur ce contenu, il est clair qu’il est tout à fait impossible et absurde de demander une marque distinctive de la vérité de ce con­tenu des connaissances, et qu’on ne saurait trouver un signe suffisant à la fois et universel de la vérité. Et, comme le contenu d’une connaissance a été nommé plus haut la matière de cette connaissance, il est juste de dire qu’il n’y a point de critérium universel à chercher pour la vérité de la connaissance de la matière, puisque cela est contradictoire en soi."


Kant, Critique de la raison pure, 1787, tr. fr. Barni, Germer-Baillière, 1869, p. 117-118.


 "Si la vérité consiste dans l'accord d'une connaissance avec son objet, il faut, par là même, que cet objet soit distingué des autres; car une connaissance est fausse, quand elle ne concorde pas avec l'objet auquel on la rapporte, alors même qu'elle renfermerait des choses valables pour d'autres objets. Or, un critère universel de la vérité serait celui qu'on pourrait appliquer à toutes les connaissances, sans distinction de leurs objets. Mais il est clair puisqu'on fait abstraction en lui de tout le contenu de la connaissance (du rapport à son objet) et que la vérité vise précisément ce contenu qu'il est tout à fait impossible et absurde de demander un caractère de la vérité de ce contenu des connaissances, et que, par conséquent, une marque suffisante et en même temps universelle de la vérité ne peut être donnée. Comme nous avons appelé le contenu d'une connaissance sa matière, on devra dire qu'on ne peut désirer aucun critère universel de la vérité de la connaissance quant à sa matière, parce que c'est contradictoire en soi. Mais pour ce qui regarde la connaissance, quant à sa forme simplement (abstraction faite de tout contenu), il est également clair qu'une logique, en tant qu'elle traite des règles générales et nécessaires de l'entendement, doit exposer, dans ces règles mêmes, les critères de la vérité. Car ce qui les contredit est faux puisque l'entendement s'y met en contradiction avec les règles générales de sa pensée et, par suite, avec lui-même. Mais ces critères ne concernent que la forme de la vérité, c'est-à-dire de la pensée en général et, s'ils sont, à ce titre, très justes, ils sont pourtant insuffisants. Car une connaissance peut fort bien être complètement conforme à la forme logique, c'est-à-dire ne pas se contredire elle-même, et cependant être en contradiction avec l'objet. Donc le critère simplement logique de la vérité, c'est-à-dire l'accord d'une connaissance avec les lois générales et formelles de l'entendement et de la raison est, il est vrai, la condition sine qua non et, par la suite, la condition négative de toute vérité; mais la logique ne peut pas aller plus loin; aucune pierre de touche ne lui permet de découvrir l'erreur qui atteint non la forme, mais le contenu."

 

Kant, Critique de la raison pure, 1781, Introduction à la Logique transcendantale, trad. Tremesaygues et Pacaud, P.U.F., p. 80-83.



  "La vérité, dit-on, consiste dans l'accord de la connaissance avec l'objet. Selon cette simple définition de mot, ma connaissance doit donc s'accorder avec l'objet pour avoir valeur de vérité. Or le seul moyen que j'ai de comparer l'objet avec ma connaissance c'est que je le connaisse. Ainsi, ma connaissance doit se confirme elle -même; mais c'est bien loin de suffire à la vérité. Car puisque l'objet est hors de moi et que la connaissance est en moi, tout ce que je puis apprécier c'est si ma connaissance de l'objet s'accorde avec ma connaissance de l'objet. Les anciens appelaient diallèle un tel cercle dans la définition. Et effectivement c'est cette faute que les sceptiques n'ont cessé de reprocher aux logiciens ; ils remarquaient qu'il en est de cette définition de la vérité comme d'un homme qui ferait une déposition au tribunal et invoquerait comme témoin quelqu'un que personne ne connaît, mais qui voudrait être cru en affirmant que celui qui l'invoque comme témoin est un honnête homme. […]
  Un critère matériel et universel de la vérité n'est pas possible – il est même en soi contradictoire. Car en tant qu'universel, valable pour tout objet en général, il devrait ne faire acception d'absolument aucune distinction entre les objets tout en servant cependant, justement en tant que critère matériel, à cette distinction même, pour pouvoir déterminer si une connaissance s'accorde précisément à l'objet auquel elle est rapportée et non pas à un objet quelconque en général, ce qui ne voudrait proprement rien dire. Car la vérité matérielle doit consister dans cet accord d'une connaissance avec cet objet déterminé auquel elle est rapportée. En effet une connaissance qui est vraie si elle est rapportée à l'objet, peut être fausse si elle est rapportée à un autre. Il est donc absurde d'exiger un critère matériel universel de la vérité qui devrait à la fois faire abstraction et ne pas faire abstraction de toute différence entre les objets.

  En revanche, si ce sont de critères formels universels qu'il s'agit, il est aisé de décider qu'il peut parfaitement y en avoir. Car la vérité formelle consiste simplement dans l'accord de la connaissance avec elle-même en faisant complètement abstraction de tous les objets et de toute différence entre eux. Et par conséquent les critères formels universels de la vérité ne sont rien d'autre que les caractères logiques universels de l'accord de la connaissance avec elle-même, ou ce qui est la même chose – avec les lois universelles de l'entendement et de la raison.
  Ces critères formels universels ne sont assurément pas suffisants pour la vérité objective, mais ils doivent cependant être considérés comme sa conditio sine qua non."

 

Kant, Logique, 1800, Introduction, VIII, trad. L. Guillermit, Librairie philosophique Vrin, 1966, p. 54-56.



    "Que des martyrs prouvent quelque chose quant à la vérité d’une cause, cela est si peu vrai que je veux montrer qu’aucun martyr n’eut jamais le moindre rapport avec la vérité. Dans la façon qu’a un martyr de jeter sa certitude à la face de l’univers s’exprime un si bas degré d’honnêteté intellectuelle, une telle fermeture d’esprit devant la question de la vérité, que cela ne vaut jamais la peine qu’on le réfute. La vérité n’est pas une chose que l’un posséderait et l’autre non […]. Plus on s’avance dans les choses de l’esprit, et plus la modestie, l’absence de prétentions sur ce point deviennent grandes : être compétent dans trois ou quatre domaines, avouer pour le reste son ignorance…
  Les martyrs furent un grand malheur dans l’histoire : ils séduisirent. Déduire qu’une cause pour laquelle un homme accepte la mort doit bien avoir quelque chose pour elle – cette logique fut un frein inouï pour l’examen, l’esprit critique, la prudence intellectuelle. Les martyrs ont porté atteinte à la vérité. Il suffit encore aujourd’hui d’une certaine cruauté dans la persécution pour donner à une secte sans aucun intérêt une bonne réputation. Comment ? Que l’on donne sa vie pour une cause, cela change-t-il quelque chose à sa valeur ? Ce fut précisément l’universelle stupidité historique de tous les persécuteurs qui donnèrent à la cause adverse l’apparence de la dignité."

 

Nietzsche, L'Antéchrist, 1888, § 53.


 

    "Nos idées, par exemple de mathématique, d'astronomie, de physique, sont vraies en deux sens. Elles sont vraies par le succès ; elles donnent puissance dans ce monde des apparences. Elles nous y font maîtres, soit dans l'art d'annoncer, soit dans l'art de modifier selon nos besoins ces redoutables ombres au milieu desquelles nous sommes jetés. Mais, si l'on a bien compris par quels chemins se fait le détour mathématique, il s'en faut de beaucoup que ce rapport à l'objet soit la règle suffisante du bien penser. La preuve selon Euclide n'est jamais d'expérience ; elle ne veut point l'être. Ce qui fait notre géométrie, notre arithmétique, notre analyse, ce n'est pas premièrement qu'elles s'accordent avec l'expérience, mais c'est que notre esprit s'y accorde avec lui-même, selon cet ordre du simple au complexe, qui veut que les premières définitions, toujours maintenues, commandent toute la suite de nos pensées. Et c'est ce qui étonne d'abord le disciple, que ce qui est le premier à comprendre ne soit jamais le plus urgent ni le plus avantageux. L'expérience avait fait découvrir ce qu'il faut de calcul et de géométrie pour vivre, bien avant que la réflexion se fût mise en quête de ces preuves subtiles qui refusent le plus possible l'expérience, et mettent en lumière cet ordre selon l'esprit qui veut se suffire à lui-même. Il faut arriver à dire que ce genre de recherches ne vise point d'abord à cette vérité que le monde confirme, mais à une vérité plus pure, toute d'esprit, ou qui s'efforce d'être telle, et qui dépend seulement du bien penser."

Alain, Idées : Introduction à la philosophie (Platon, Descartes, Hegel, Comte), 1939, Première partie : Platon, Chapitre 5, La caverne.

  "93. Les propositions qui représentent ce que Moore « sait » sont toutes d'un genre tel que l'on peut difficilement se représenter pourquoi quelqu'un irait croire le contraire.   Par   exemple,   la   proposition   selon   laquelle Moore a vécu à proximité immédiate de la terre. – Là encore je peux parler de moi-même au lieu de Moore. […] Rien dans mon image du monde ne parle pour une vue contraire.
  94. Mais cette image du monde, je ne l'ai pas parce que je me suis convaincu de sa rectitude ; ni non plus parce que  je  suis  convaincu  de  sa  rectitude.  Non,  elle  est l'arrière-plan dont j'ai  hérité sur  le fond  duquel  je  distingue entre vrai et faux.

  95. Les propositions qui décrivent cette image du monde pourraient appartenir à une sorte de mythologie. Et leur rôle est semblable à celui des règles du jeu ; et ce jeu, on peut aussi l'apprendre de façon purement pratique, sans règles explicites.
  96. On pourrait se représenter certaines propositions, empiriques de forme, comme solidifiées et fonctionnant tels des conduits pour les propositions empiriques fluides, non solidifiées ; et que cette relation se modifierait avec le temps, des propositions fluides se solidifiant et des propositions durcies se liquéfiant.
  97.  La  mythologie  peut  se  trouver  à  nouveau  prise dans le courant, le lit où coulent les pensées peut se déplacer. Mais je distingue entre le flux de l'eau dans le lit de la rivière et le déplacement de ce dernier ; bien qu'il n'y ait pas entre les deux une division tranchée.
  98. Mais si on venait nous dire : « La logique est donc elle aussi une science empirique », on aurait tort. Ce qui est juste, c'est ceci : la même proposition peut être traitée à un moment comme ce qui est à vérifier par l'expérience, à un autre moment comme une règle de la vérification.
  99. Et même le bord de cette rivière est fait en partie d'un roc solide qui n'est sujet à aucune modification ou sinon à une modification imperceptible, et il est fait en partie d'un sable que le flot entraîne puis dépose ici et là."

 

Ludwig Wittgenstein, De la certitude, 1954, tr. fr. Jacques Fauve, Paris, Gallimard, tel, 2000, p. 49-50.


Date de création : 09/02/2006 @ 13:48
Dernière modification : 05/01/2015 @ 08:45
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