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Texte à méditer :  Time is money.
  
Benjamin Franklin
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Hors des sentiers battus
La violence de la nature

  "Dans le vaste domaine de la nature vivante, il règne une violence manifeste, une espèce de rage prescrite qui arme tous les êtres in mutua funera1 : dès que vous sortez du règne insensible, vous trouvez le décret de la mort violente écrit sur les frontières mêmes de la vie. […]  Il n'y a pas un instant de la durée où l'être vivant ne soit dévoré par un autre. Au-dessus de ces nombreuses races d'animaux est placé l'homme, dont la main destructrice n'épargne rien de ce qui vit ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s'instruire, il tue pour s'amuser, il tue pour tuer : roi superbe et terrible, il a besoin de tout, et rien ne lui résiste. […] Le philosophe peut même découvrir comment le carnage permanent est prévu et ordonné dans le grand tout. Mais cette loi s'arrête-t-elle à l'homme ? Non sans doute. Cependant quel être exterminera celui qui les exterminera tous ? Lui. C'est l'homme qui est chargé d'égorger l'homme. Mais comment pourra-t-il accomplir la loi, lui qui est un être moral et miséricordieux : lui qui est né pour aimer ; lui qui pleure sur les autres comme sur lui-même ; qui trouve du plaisir à pleurer, et qui finit par inventer des fictions pour se faire pleurer […] C'est la guerre qui accomplira le décret. […] Rien ne résiste, rien ne peut résister à la force qui traîne l'homme au combat ; innocent guerrier, instrument passif d'une main redoutable, il se plonge tête baissée dans l'abîme qu'il a creusé lui-même ; il donne, il reçoit la mort sans se douter que c'est lui qui a fait la mort.
  Ainsi s'accomplit sans cesse, depuis le ciron jusqu'à l'homme, la grande loi de la destruction violente des êtres vivants. La terre entière, continuellement imbibée de sang, n'est qu'un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu'à la consommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à la mort de la mort."


Joseph de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, 1821, Septième entretien, Tome II, Guy Trédaniel - Éditions de la Mainie, 1980, p. 22-24.
 

1 Dans une mort réciproque.



  "En vérité, les gens qui se flattent de lire les plans du Créateur dans ses œuvres devraient, pour ne pas se contredire, tirer des conclusions qui leur répugnent. S’il existe dans la création une marque quelconque d’un dessein spécial, une des choses qui rentrent dans le plan de la façon la plus évidente, c’est que la plupart des animaux doivent passer leur vie à tourmenter et à dévorer d’autres animaux. Ils ont été abondamment pourvus de tous les instruments nécessaires pour atteindre ce but ; leurs plus puissants instincts les y poussent, et beaucoup de ces animaux paraissent avoir été construits de manière à ne pouvoir vivre d’autre façon. Si l’on avait employé à chercher des raisons pour noircir le Créateur la dixième partie de la peine qu’on s’est donnée pour découvrir des combinaisons d’un caractère bienfaisant, combien n’en aurait-on pas trouvé chez les animaux, divisés, à peu près sans exception, en deux classes, les uns qui dévorent et les autres qui sont dévorés, et qui tous sont la proie de mille maux, contre lesquels ils ne possèdent aucun moyen de protection ?"

 

John Stuart Mill, "La Nature", 1858, in Essais sur la religion, tr. fr. M. E. Cazelles, Paris, Germer Baillière, 1875, p. 55.


 

  "La simple vérité est que la nature accomplit chaque jour presque tous les actes pour lesquels les hommes sont emprisonnés ou pendus lorsqu'ils les commettent envers leurs congénères . Elle fauche ceux dont dépend le bien-être de tout un peuple [...] avec aussi peu de remords que ceux pour qui la mort est un soulagement pour eux-mêmes ou une bénédiction pour les personnes soumises à leur influence nocive. En matière d'injustice, de ruine et de mort, un ouragan et une épidémie l'emportent de beaucoup sur l'anarchie et le règne de la terreur. […]
  Quand bien même il serait vrai que, contrairement aux apparences, la nature travaille à de bonnes fins lorsqu'elle perpètre ces horreurs, comme personne ne croit que nous servirions de bonnes fins en suivant cet exemple, la marche de la nature ne peut être pour nous un modèle qu'il convient d'imiter. Soit il est bien de tuer parce que la nature tue, de torturer parce qu'elle torture, de semer la ruine et la dévastation parce qu'elle le fait, soit il ne faut tenir aucun compte de ce que fait la nature et considérer seulement ce qu'il est bien de faire."

 

John Stuart MillLa Nature, 1874, tr. fr. Estiva Reus, La Découverte, 2003, p. 68 et p. 70.
 

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Date de création : 18/10/2023 @ 08:27
Dernière modification : 24/01/2024 @ 09:28
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