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Texte à méditer :  Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.  David Hume
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Hors des sentiers battus
L'identité sexuelle ; sexe et genre

  "Bien que l'on invoque souvent l'unité des « femmes » comme une évidence pour construire une solidarité d'identité, la distinction entre le sexe et le genre introduit un clivage au cœur du sujet féministe. Cette distinction qui visait d'abord à réfuter l'idée de « biologie comme destin » permet de soutenir que le genre est culturellement construit indépendamment de l'irréductibilité biologique qui semble attachée au sexe : c'est pourquoi le genre n'est ni la conséquence directe du sexe, ni aussi fixe que ce dernier le paraît. Une telle distinction, qui admet que le genre est une interprétation plurielle du sexe, contient déjà en elle-même la possibilité de contester l'unité du sujet.
  Si le genre renvoie aux significations culturelles que prend le sexe du corps, on ne peut alors plus dire qu'un genre découle d'un sexe d'une manière et d'une seule. En poussant la distinction sexe/genre jusqu'au bout, on s’aperçoit qu’elle implique une discontinuité radicale entre les corps sexués et les genres culturellement construits. Admettons pour l'instant la stabilité des deux sexes : on ne peut pas en déduire que la construction des « hommes » porte exclusivement sur des corps masculins ni que les corps féminins se traduisent en « femmes ». De plus, même si la morphologie et la constitution des corps paraissent confirmer l'existence de deux et seulement deux sexes (ce qu'on viendra à questionner plus tard), rien ne nous autorise à penser que les genres devraient aussi s’en tenir au nombre de deux.

  Supposer que le genre est un système binaire revient toujours à admettre le rapport mimétique entre le genre et le sexe où le genre est le parfait reflet du sexe, que le sexe en constitue du moins la limite. Lorsqu’on théorise le genre comme une construction qui n'a rien à voir avec le sexe, le genre devient lui-même un artefact affranchi du biologique, ce qui implique que homme et masculin pourraient tout aussi bien désigner un corps féminin qu'un corps masculin, et femme et féminin un corps masculin ou féminin."

 

Judith Butler, Trouble dans le genre, 1990, chapitre 1, tr. fr. Cynthia Kraus, La Découverte/Poche, 2006, p. 67-68.

 

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Date de création : 24/06/2025 @ 09:54
Dernière modification : 24/06/2025 @ 09:54
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