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Texte à méditer :  C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher.
  
Descartes
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Hors des sentiers battus
L'objectivité et l'impartialité du juge / du jugement

  "Tout à fait au début du procès, le Dr Servatius avait mis en question l'impartialité des juges ; à son avis, aucun Juif n'était qualifié pour juger ceux qui avaient mis en œuvre la Solution finale et le président du tribunal avait répondu : « Nous sommes des juges de profession, nous avons l'habitude de peser les preuves qui nous sont soumises, de faire notre travail en public et d'affronter la critique publique [...]. Lorsqu'un tribunal siège, ses juges sont des êtres humains, en chair et en os, avec des sentiments et une sensibilité, mais la loi les oblige à contrôler ces sentiments et cette sensibilité. Si cela n'était pas le cas, on ne trouverait nulle part un juge pour juger une affaire criminelle susceptible d'éveiller l'horreur en lui [. . .]. On ne peut nier que chaque Juif est bouleversé au souvenir de l'holocauste nazi, mais tout le temps que ce procès se déroulera sous nos yeux, il sera de notre devoir de dominer notre émotion ; et ce devoir, nous l'honorerons.»"

 

Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, 1963, chapitre XIII, tr. fr. A. Guérin, Gallimard Quarto, 2002, p. 1219.


 

  "Symbolisée par une femme digne et élégante, la Justice est vêtue d'un drapé laissant entrevoir un genou, empoignant un glaive dans une main et soulevant de l'autre une balance en l'équilibre. Ses yeux sont bandés. Il ne faut pas s'y tromper : cette allégorie est celle d'une justice non pas aveugle, mais impartiale. Celle d'une justice non pas dénuée d'une vision, mais qui affirme le discernement comme valeur fondatrice. Car le discernement est une liberté d'esprit qui invite le juge, après avoir entendu les arguments des parties, à revenir à l'intérieur de soi pour forger son intime conviction. Au cœur de l'office du juge, se trouvent des principes absolus dont il doit faire application, tout en s'inscrivant dans les débats de son temps. Car les droits sont par essence en mouvement. La justice a pour mission d'exprimer des commandements immuables et d'énoncer, à travers les décisions qu'elle rend, un moment de la conscience historique. Et pour être bien rendue, elle doit être tout à la fois impartiale et située. L'un ne s'oppose nullement à l'autre. Les magistrats doivent se placer au-dessus des parties pour les entendre, sans parti pris ni préjugé, mais, parce qu'ils rendent la justice au nom du peuple français, ils doivent se situer dans la Cité. Plus le juge s'affranchit des stéréotypes, plus il est impartial. Plus il comprend la société, plus il est conscient de ce qui la travaille, plus ses décisions s'inscrivent dans une vision d'ensemble pour indiquera tous et en tous domaines les limites à ne pas franchir et surtout la direction où s'engager.
  La justice est une vertu, un idéal, mais c'est aussi un pouvoir public constitutionnel, une institution, une organisation et même un organigramme. Loin de cet idéal, de nombreux travaux en sciences humaines et sociales révèlent que l'institution serait bien souvent aveugle aux inégalités de genre qui structurent la société. Plus encore, au lieu de les détecter et de les corriger, elle les entretiendrait et contribuerait à les perpétuer. […]

  Derrière le discours normatif du droit qui énonce le principe de l'égalité, l'analyse des effets des décisions de justice sur les femmes révèle l'ancrage androcentré de l'institution judiciaire, d'autant plus difficile à combattre qu'il se glisse dans des pratiques et des habitus professionnels, dans l'organisation de l'institution elle-même, dans les évolutions des carrières, voire dans la sociologie des magistrats, il se dissimule sous l'apparence de procédures prétendument vertueuses, dont les effets pervers au détriment des femmes, de leurs conditions ale vie, de leur dignité, ou encore de leurs perspectives personnelles et professionnelles, sont pourtant documentés."

 

Magali Lafourcade, Démasculiniser la justice, 2025, Éditions Les Petits matins, p. 9-l2.

 

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Date de création : 23/11/2025 @ 15:57
Dernière modification : 23/11/2025 @ 15:57
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