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Texte à méditer :  Deviens ce que tu es.
  
Pindare
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Hors des sentiers battus
La notion de révolution politique

  "En effet, dans toutes les réformes religieuses et politiques nous voyons les peuples, faute d'instruction, de lumières et de raison, combattre comme des bêtes féroces, s’acharner à leur propre ruine, et devenir les dupes et les instruments de quelques fanatiques, de quelques séditieux, de quelques fourbes, qui profitent de leur ignorance pour troubler l'État et pour s'en rendre maîtres. Un peuple ignorant, dès qu'il est mécontent, est toujours prêt à suivre l'étendard de la révolte sous la conduite des charlatans politiques et spirituels qui lui promettent de mettre fin à ses peines. Une nation malheureuse croit trouver des consolations dans tous les factieux qui la séduisent ; elle se jette donc dans leurs bras, et ne fait pour l’ordinaire que changer un Tyran contre des Tyrans plus cruels encore.
  Voilà pourquoi les révolutions, loin de rendre les peuples plus heureux, ne font communément que redoubler leurs misères ; on réforme avec fureur ; la démence et la brutalité président aux changements ; on n'a ni plan ni prévoyance, et l'on s'expose à de nouveaux orages au lieu de gagner le port que l'on avait espéré. Si les peuples étaient éclairés, ils connaîtraient leurs intérêts ; ils supporteraient avec patience les maux attachés à toute administration ; ils y porteraient les remèdes les plus doux, ils sentiraient le prix de la tranquillité ; ainsi que leurs Souverains, ils ne seraient pas continuellement exposés à devenir les bourreaux ou les victimes des mauvais Citoyens, qui savent tirer parti des calamités publiques pour contenter leurs passions particulières. Un peuple instruit et bien gouverné est paisible et soumis pour son propre intérêt ; un peuple stupide et malheureux n’a rien à perdre ; il se livre tête baissée à quiconque veut le tromper en lui faisant entendre qu’il y a pour lui quelque chose à y gagner."

 

Paul-Henri Thiry D'Holbach, Essai sur les préjugés, 1770, Chapitre III, in Œuvres philosophiques complètes, tome II, Éditions Alive, 1999, p. 31.



    "L'émancipation politique est en même temps la désagrégation de l'ancienne société sur laquelle repose l'État devenu étranger au peuple - le pouvoir souverain. La révolution politique, c'est la révolution de la société civile. Quel était le caractère de l'ancienne société ? Un seul mot la caractérise : la féodalité. L'ancienne société civile avait directement un caractère politique, c'est-à-dire que les éléments de la vie civile tels que la propriété ou la famille, ou le mode de travail, étaient promus, sous les formes de la seigneurie, des ordres et corporations, éléments de la vie dans l'État. Ils déterminaient, sous cette forme, le rapport de l'individu particulier au tout de l'État, c'est-à-dire son rapport politique, c'est-à-dire le rapport qui le sépare et l'exclut des autres éléments de la société. En effet, cette organisation de la vie du peuple n'éleva pas la propriété et le travail au rang d'éléments sociaux mais acheva plutôt de les séparer du corps de l'État pour en faire des sociétés particulières au sein de la société. Néanmoins, les fonctions et les conditions vitales de la société civile restaient encore politiques, tout au moins au sens de la féodalité, c'est-à-dire qu'elles isolaient l'individu de ce tout qu'est l'État; elles transformaient le rapport particulier entre sa corporation et l'État total en une relation générale de l'individu avec la vie du peuple, de même qu'elles changeaient son activité et sa situation civiles déterminées en une activité et une situation générales. En conséquence de cette organisation, l'unité de l'État, aussi bien que la conscience, la volonté et l'activité de l'unité politique, le pouvoir d'État général, apparaissent aussi nécessairement comme l'affaire particulière d'un souverain séparé du peuple et entouré de ses serviteurs.
    La révolution politique qui renversa ce pouvoir souverain et promut les affaires de l'État au rang d'affaires du peuple, qui constitua l'État politique en affaire générale, c'est-à-dire en État réel, brisa nécessairement tous les ordres, corporations, jurandes, privilèges, qui étaient autant d'expressions de la séparation du peuple d'avec la communauté. Ainsi la révolution politique supprima le caractère politique de la société civile. Elle fit éclater la société civile en ses éléments simples, d'une part les individus, d'autre part les éléments matériels et spirituels qui forment la substance vitale de la situation civile de ces individus. Elle déchaîna l'esprit politique qui semblait s'être fragmenté, décomposé, dispersé dans les divers culs-de-sac de la société féodale; elle réunit les fragments épars de l'esprit politique, le libéra de la confusion avec la vie civile et le constitua en sphère de la communauté, de l'affaire générale du peuple dans l'indépendance idéale par rapport à ces éléments particuliers de la vie civile. Telles activités déterminées, telles situations spécifiques de la vie déclinèrent jusqu'à n'avoir plus qu'une importance purement individuelle. Elles ne formèrent plus la relation générale de l'individu au tout de l'État. L'affaire publique comme telle devint au contraire l'affaire générale de chaque individu, et la fonction politique la fonction générale de chacun."

 

Marx, À propos de la question juive, 1844, trad. Maximilien Rubel, Louis Évrard et Louis Janover, in Marx, Philosophie, Folio essais, p. 75-77.

 

 

    "L'émancipation politique est en même temps la désagrégation de l'ancienne société sur laquelle repose l'État devenu étranger au peuple - le pouvoir souverain. La révolution politique, c'est la révolution de la société civile. Quel était le caractère de l'ancienne société ? Un seul mot la caractérise : la féodalité. L'ancienne société civile avait directement un caractère politique, c'est-à-dire que les éléments de la vie civile tels que la propriété ou la famille, ou le mode de travail, étaient promus, sous les formes de la seigneurie, des ordres et corporations, éléments de la vie dans l'État. Ils déterminaient, sous cette forme, le rapport de l'individu particulier au tout de l'État, c'est-à-dire son rapport politique, c'est-à-dire le rapport qui le sépare et l'exclut des autres éléments de la société. En effet, cette organisation de la vie du peuple n'éleva pas la propriété et le travail au rang d'éléments sociaux mais acheva plutôt de les séparer du corps de l'État pour en faire des sociétés particulières au sein de la société. Néanmoins, les fonctions et les conditions vitales de la société civile restaient encore politiques, tout au moins au sens de la féodalité, c'est-à-dire qu'elles isolaient l'individu de ce tout qu'est l'État; elles transformaient le rapport particulier entre sa corporation et l'État total en une relation générale de l'individu avec la vie du peuple, de même qu'elles changeaient son activité et sa situation civiles déterminées en une activité et une situation générales. En conséquence de cette organisation, l'unité de l'État, aussi bien que la conscience, la volonté et l'activité de l'unité politique, le pouvoir d'État général, apparaissent aussi nécessairement comme l'affaire particulière d'un souverain séparé du peuple et entouré de ses serviteurs.

    La révolution politique qui renversa ce pouvoir souverain et promut les affaires de l'État au rang d'affaires du peuple, qui constitua l'État politique en affaire générale, c'est-à-dire en État réel, brisa nécessairement tous les ordres, corporations, jurandes, privilèges, qui étaient autant d'expressions de la séparation du peuple d'avec la communauté. Ainsi la révolution politique supprima le caractère politique de la société civile. Elle fit éclater la société civile en ses éléments simples, d'une part les individus, d'autre part les éléments matériels et spirituels qui forment la substance vitale de la situation civile de ces individus. Elle déchaîna l'esprit politique qui semblait s'être fragmenté, décomposé, dispersé dans les divers culs-de-sac de la société féodale; elle réunit les fragments épars de l'esprit politique, le libéra de la confusion avec la vie civile et le constitua en sphère de la communauté, de l'affaire générale du peuple dans l'indépendance idéale par rapport à ces éléments particuliers de la vie civile. Telles activités déterminées, telles situations spécifiques de la vie déclinèrent jusqu'à n'avoir plus qu'une importance purement individuelle. Elles ne formèrent plus la relation générale de l'individu au tout de l'État. L'affaire publique comme telle devint au contraire l'affaire générale de chaque individu, et la fonction politique la fonction générale de chacun."

 

 
Marx, À propos de la question juive, 1844, trad. Maximilien Rubel, Louis Évrard et Louis Janover, in Marx, Philosophie, Folio essais, p. 75-77.



    "Sur quoi repose une révolution partielle, une révolution seulement politique ? Sur le fait qu’une partie de la société civile s’émancipe et parvient à la suprématie générale, qu’une classe entreprend, à partir de sa situation particulière, l’émancipation générale de la société. Cette classe libère la société tout entière, mais à la seule condition que la société tout entière se trouve dans la situation de cette classe; à la condition, par exemple, qu’elle possède ou puisse acquérir à sa guise argent et culture.
    Aucune classe de la société civile ne peut jouer ce rôle sans susciter en elle-même et dans la masse cet élan de l’enthousiasme, cet élan où elle fraternise avec la société dans son ensemble et converge avec elle, un mouvement où elle se confond avec elle et où elle est ressentie et reconnue comme le représentant général de cette société ; un mouvement où ses exigences et ses droits sont véritablement les droits et les exigences de la société elle-même, où elle est réellement l’esprit social et le coeur social. C’est seulement au nom des droits généraux de la société qu’une classe particulière peut revendiquer la suprématie générale. Pour emporter cette position émancipatrice et s’assurer ainsi l’exploitation politique de toutes les sphères de la société dans l’intérêt de sa propre sphère, énergie révolutionnaire et conscience morale ne sauraient suffire. Pour que la révolution d’un peuple et l’émancipation d’une classe particulière de la société civile coïncident, pour qu’un seul ordre (Stand) soit reconnu comme ordre de la société tout entière, il faut qu’un ordre particulier soit l’ordre du scandale universel, l’incarnation de la servitude universelle ; il faut qu’une sphère particulière de la société représente le crime notoire de toute la société, de sorte que se libérer de cette sphère apparaisse comme l’universelle libération de soi. Pour qu’un seul ordre soit par excellence l’ordre de la libération, il faut qu’en contrepartie un autre ordre soit ouvertement l’ordre de l’asservissement. L’importance générale et négative de la noblesse et du clergé français a déterminé l’importance générale et positive de la “bourgeoisie”, classe immédiatement voisine et opposée."

 

Marx, Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel, Introduction, 1844, trad. Maximilien Rubel, Louis Évrard et Louis Janover, in Marx, Philosophie, Folio essais, p. 103-105.


    "Même si elle n'a lieu qu'en un seul district industriel, une révolution sociale se situe dans la perspective de l'ensemble, parce qu'elle est une protestation de l'homme contre la vie inhumaine, parce qu'elle part du point de perspective de l'individu singulier, réel, parce que la communauté dont l'individu refuse d'être séparé est la vraie communauté de l'homme, la nature humaine. En revanche, l'âme politique d'une révolution consiste dans la tendance des classes privées d'influence politique à briser leur éloignement de l'État et du pouvoir. Sa perspective, c'est celle de l'État, totalité abstraite qui existe uniquement par la séparation d'avec la vie réelle et qui est inconcevable sans l'opposition organisée de l'homme. C'est pourquoi une révolution dont l'âme est politique organise, conformément à sa nature bornée et hybride, une sphère dominante dans la société, aux dépens de la société".
 

Marx, Contre Arnold Ruge, 1844, trad. Maximilien Rubel, Louis Évrard et Louis Janover, in Marx, Philosophie, Folio essais, p. 132-133.


    "Finalement, la conception de l'histoire que nous venons de développer nous donne les résultats suivants :
    1. À un certain stade de développement des forces productives, il arrive un stade où naissent des forces productives et des moyens de circulation qui, dans les conditions existantes, ne font que causer des désastres. Ce ne sont plus des forces de production, mais des forces de destruction (machinisme et argent). Autre conséquence, une classe fait son apparition, qui doit supporter toutes les charges de la société, sans jouir de ses avantages ; une classe qui, jetée hors de la société, est reléguée de force dans l'opposition la plus résolue à toutes les autres classes, une classe qui constitue la majorité de tous les membres de la société et d'où émane la conscience de la nécessité d'une révolution en profondeur, la conscience communiste, celle-ci pouvant, naturellement, se former aussi parmi les autres classes capables d'appréhender la position de cette classe ;
    2. Les conditions dont dépend l'emploi des forces productives déterminées sont celles qu'impose le règne d'une classe déterminée de la société dont la puissance sociale, fruit de ses possessions matérielles, trouve son expression idéaliste et pratique dans la forme d'État existant ; c'est pourquoi toute lutte révolutionnaire est dirigée contre une classe qui a dominé jusqu'alors ;
    3. Jusqu'à présent, toutes les révolutions ont toujours laissé intact le mode des activités ; il s'y agissait seulement d'une autre distribution de ces activités, d'une répartition nouvelle du travail entre d'autres personnes. En revanche, la révolution communiste, se dressant contre le mode traditionnel des activités, se débarrasse du travail et abolit la domination de toutes les classes en abolissant les classes elles-mêmes, cette révolution étant l'œuvre de la classe qui, dans la société, n'a plus rang de classe et n'est pas reconnue comme telle : dès maintenant, elle marque la dissolution de toutes les classes, de toutes les nationalités, etc., au sein même de la société présente ;
    4. Pour produire massivement cette conscience communiste, aussi bien que pour faire triompher la cause elle-même, il faut une transformation qui touche la masse des hommes ; laquelle ne peut s'opérer que dans un mouvement pratique, dans une révolution. Par conséquent, la révolution est nécessaire non seulement parce qu'il n'est pas d'autre moyen pour renverser la classe dominante, mais encore parce que c'est seulement dans une révolution que la classe du renversement réussira à se débarrasser de toute l'ancienne fange et à devenir ainsi capable de donner à la société de nouveaux fondements."

 

Marx, L'Idéologie allemande, 1845-1846, trad. Maximilien Rubel, Louis Évrard et Louis Janover, in Marx, Philosophie, Folio essais,1994, p. 390-392.


    "Lorsque, dans le cours du développement, les différences de classe auront disparu et que toute la production sera concentrée entre les mains des individus associés, le pouvoir public perdra son caractère politique. Le pouvoir politique au sens strict du terme est le pouvoir organisé d'une classe pour l'oppression d'une autre. Si, dans sa lutte contre la bourgeoisie, le prolétariat est forcé de s'unir en une classe ; si, par une révolution, il se constitue en classe dominante et, comme telle abolit par la force les anciens rapports de production – c'est alors qu'il abolit en même temps que ce système de production les conditions d'existence de l'antagonisme des classes ; c'est alors qu'il abolit les classes en général et, par là même, sa propre domination en tant que classe.

    L'ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses conflits de classe, fait place à une association ou le libre épanouissement de chacun est la condition du libre épanouissement de tous".
 

 

 

Marx et Engels, Le manifeste communiste, 1848, trad. Maximilien Rubel et Louis Évrard, in Marx, Philosophie, Folio essais,1994, p. 425-426.

 

  "On appelle « Révolution » une transformation active du présent politique en fonction de l'avenir, c'est-à-dire n'étant pas un simple développement de ce qui était déjà impliqué (en germe) dans ce dernier. (L'avenir doit donc être compris au sens fort et propre du terme, c'est-à-dire comme ce qui n'est pas encore et ce n'a pas déjà été).
  La Révolution est « nationale » lorsque la transformation active du présent politique s'effectue sans solution de continuité avec l'ensemble du passé. (Le passé immédiat peut et doit être nié, car c'est lui qui oriente l'évolution « naturelle » ou « automatique » du présent dans un sens opposé à celui que veut lui assigner l'action révolutionnaire).
  Cette définition fixe les « cadres » de la Révolution nationale ; elle indique son « lieu logique », son « topos » aristotélicien. Il s'agit de donner un contenu à ce « topos ».
  Ce « contenu » peut être appelé l' « idée révolutionnaire ». L'idée révolutionnaire est une théorie ou doctrine (dans la mesure du possible cohérente, et en principe universelle, c'est-à-dire permettant de « déduire » tous les cas concrets), qui peut et doit engendrer l'action transformatrice du présent et créatrice de l'avenir politiques. L'idée déclenche l'action en « énonçant » un projet, en indiquant un « but » ; et elle détermine et guide l'action en élaborant un « programme ». Pour ne pas être « utopiques », ce projet et ce programme, tout en s'opposant au présent politique, doivent en tenir compte ; ils doivent être réalisables à partir du présent donné (et non pas en supposant des conditions inexistantes). […]

Note. On se plaint généralement du fait que la Révolution nationale n'est pas encore réalisée ou effectuée. Dans la mesure où quelque chose se réalise, ce quelque chose cesse d'être révolutionnaire. La Révolution est toujours quelque chose qui est en train de se réaliser, qui est en voie de devenir. Et ce qui est en train de se réaliser par l'action négatrice du donné, c'est précisément l'idée révolutionnaire. Il faut donc « se plaindre » de l'absence non pas d'une réalité politique nouvelle, mais d'une idée révolutionnaire. Et c'est par l'élaboration de cette idée qu'il faut commencer."

 

Alexandre Kojève, La notion de l'autorité, 1942, Gallimard, Bibliothèque des Idées, 2004, p. 195-196.


 

  "Le mot fameux : « non sire, ce n'est pas une révolte, c'est une révolution », met l'accent sur cette différence essentielle. Il signifie exactement « c'est la certitude d'un nouveau gouvernement ». Le mouvement de la révolte, à l'origine, tourne court. Il n'est qu'un témoignage sans cohérence. La révolution commence au contraire à partir de l'idée. Précisément elle est l'insertion de l'idée dans l'expérience historique quand a révolte est seulement le mouvement qui mène de l'expérience individuelle à l'idée. Alors que toute l'histoire , même collective, d'un mouvement de révolte est toujours celle d'un engagement sans issue dans les faits, d'une protestation obscure qui n'engage ni système ni raison, une révolution est une tentative pour modeler l'acte sur une idée, pour façonner le monde dans un cadre théorique. C'est pourquoi la révolte tue des hommes alors que la révolution détruit à la fois des hommes et des principes...
  Les anarchistes, Varlet en tête, ont bien vu que gouvernement et révolution sont incompatibles au sens direct. « Il implique contradiction, dit Proudhon, que le gouvernement puisse être jamais révolutionnaire et cela par la raison toute simple qu'il est gouvernement ». Expérience faite, ajoutons à cela que le gouvernement ne peut être révolutionnaire que contre d'autres gouvernements. Les gouvernements révolutionnaires s'obligent la plupart du temps à être des gouvernement de guerre. Plus la révolution est étendue et plus l'enjeu de la guerre qu'elle suppose est considérable. La société de 1789 veut se battre pour l'Europe. Celle qui est née de 1917 se bat pour la domination universelle. La révolution totale finit ainsi par revendiquer, nous verrons pourquoi, l'empire du monde...

  Le révolutionnaire est en même temps un révolté ou alors il n'est plus révolutionnaire, mais policier et fonctionnaire qui se tourne contre la révolution. Si bien qu'il n'y a pas de progrès d'une attitude à l'autre, mais simultanéité et contradiction sans cesse croissante. Tout révolutionnaire finit en oppresseur ou en hérétique. Dans l'univers purement historique qu'elles ont choisi, révolte et révolution débouchent dans le même dilemme: ou la police ou la folie".


Camus, L'homme révolté, 1951, Folio, p. 140-141 et p. 311.

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Date de création : 26/11/2006 @ 16:16
Dernière modification : 08/01/2014 @ 16:01
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