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Texte à méditer :  La raison du plus fort est toujours la meilleure.
  
La Fontaine
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Hors des sentiers battus
Justice et liberté

    "Pour qu'il y ait société entre des créatures raisonnables, il faut qu'il y ait engrenage de libertés, transaction volontaire, engagement réciproque : ce qui ne peut se faire qu'à l'aide d'un autre principe, le principe mutuelliste du droit. La justice est commutative de sa nature et dans sa forme : aussi, loin que la société puisse être conçue comme existant au-dessus et en dehors des individus, ainsi que cela a lieu dans la communauté, elle n'a d'existence que par eux ; elle résulte de leur action réciproque et de leur commune énergie ; elle en est l'expression et la synthèse. Grâce à cet organisme, les individus, similaires par leur indigence originelle, se spécialisent par leurs talents, leurs industries, leurs fonctions ; développent et multiplient, à un degré inconnu, leur action propre et leur liberté. De sorte que nous arrivons à ce résultat décisif : en voulant tout faire par la liberté seule on l'amoindrit ; en l'obligeant à transiger, on la double.

    - La Justice seule peut donc encore être dite progressiste, puisqu'elle suppose un amendement continuel de la législation, d'après l'expérience des rapports quotidiens, partant d'un système de plus en plus fécond de garanties.

    Au reste, ce qui fait le triomphe de l'idée juridique sur les deux formes hypothétiques du communisme et de l'individualisme, c'est que, tandis que le droit se suffit à lui-même, le communisme et l'individualisme, incapables de se réaliser par la seule vertu de leur principe, ne peuvent se passer de prescriptions du droit. Tous deux sont forcés d'appeler la justice à leur secours.

    Des trois hypothèses que nous avons vues se produire pour triompher de l'opposition des intérêts, créer un ordre de l'humanité, et convertir la multitude des individualités en association, il ne subsiste donc réellement qu'une seule, celle de la Justice. La Justice, par son principe mutuelliste et commutatif, assure la liberté et en augmente la puissance, crée la société, et lui donne une force irrésistible. [...] La liberté, en s'élevant à une plus haute puissance, a changé de caractère : de même l'État, n'est plus le même qu'il s'était posé d'abord dans l'hypothèse communiste : il est la résultante, non la dominante des intérêts. [...]

    Ni communauté donc : nous avons trop d'habitudes d'indépendance, de personnalité, de responsabilité, de familisme, de critique, de révolte.

    Ni liberté illimitée : nous avons trop d'intérêts solidaires, trop de choses communes, trop besoin les uns contre les autres du recours de l'État.

    La Justice seule, de plus en plus explicite, savante, sévère : voilà ce qu'on appelle la situation, ce que demandent toutes les voix de l'Humanité."


Proudhon, De la justice dans la révolution et dans l'Église, 1858, Position du Problème de la Justice, I, pp. 298-304.


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Date de création : 27/07/2007 @ 11:29
Dernière modification : 27/07/2007 @ 11:30
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