"La valeur authentique de l'imagination ne concerne pas seulement le passé, mais aussi le futur : les formes de la liberté et du bonheur qu'elle évoque tendent à libérer la réalité historique. C'est dans son refus d'accepter comme définitives les limitations imposées à la liberté et au bonheur par le principe de réalité, dans son refus d'oublier ce qui peut être que réside la fonction critique de l'imagination.
« Réduire l'imagination à l'esclavage, quand bien même il y irait de ce qu'on appelle grossièrement le bonheur, c'est se dérober à tout ce qu'on trouve au fond de soi de justice suprême. La seule imagination me rend compte de ce qui peut être. »
Les surréalistes ont reconnu les implications révolutionnaires des découvertes de Freud. « L'imagination est peut-être sur le point de revendiquer ses droits. » Mais lorsqu'ils demandèrent : « Le rêve ne peut-il pas aussi s'appliquer à la solution des problèmes fondamentaux de la vie ? », ils allèrent au-delà de la psychanalyse en exigeant que le rêve se transforme en réalité sans compromettre son contenu. L'art s'est allié avec la révolution. Une adhésion sans compromis à la stricte vérité de l'imagination appréhende la réalité plus totalement."
Herbert Marcuse, Éros et civilisation, 1955, trad. E. Neny et B. Fraenkel, Le Seuil, col. Points, p. 142.
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