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Là où se lève l'aube du bien, des enfants et des vieillards périssent, le sang coule.   Vassili Grossman


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Hors des sentiers battus
Le bouddhisme

  "Ce que suggèrent en général les mots Âme, Soi, Ego, ou pour employer le mot sanskrit Atman, c'est qu'il existe dans l'homme une entité permanente, éternelle et absolue qui est une substance immuable derrière le monde phénoménal changeant. D'après certaines religions, chaque individu a une telle âme séparée qui est créée par Dieu et qui finalement, après la mort vit éternellement dans l'enfer ou le ciel, sa destinée dépendant de son Créateur. D'après d'autres, elle traverse beaucoup de vies jusqu'à ce qu'elle soit purifiée complètement et s'unisse finalement à Dieu ou Brahman, l'Âme universelle ou Atman dont elle émane originellement. Cette Âme ou Soi dans l'homme, est ce qui pense les pensées, ce qui ressent les sensations, et ce qui reçoit récompenses et punitions pour toutes les actions bonnes ou mauvaises. Une telle conception est appelée l'Idée du Soi.
  Le bouddhisme se dresse, unique, dans l'histoire de la pensée humaine en niant l'existence d'une telle Âme, d'un Soi ou de l'Atman. Selon l'enseignement du Bouddha, l'idée du Soi est une croyance fausse et imaginaire qui ne correspond à rien dans la réalité et elle est la cause des pensées dangereuses de « moi » et « mien », des désirs égoïstes et insatiables, de l'attachement de la haine, et de la malveillance, des concepts d'orgueil, d'égoïsme et autres souillures, impuretés et problèmes. Elle est source de tous les troubles du monde, depuis les conflits personnels jusqu'aux guerres entre nations. En bref, on peut faire remonter à cette vue fausse tout ce qui est mal dans le monde.
  Il y a deux idées, psychologiquement enracinées dans l'individu : protection de soi et conservation de soi. Pour la protection de soi, l'homme a créé Dieu duquel il dépend pour sa propre protection, sauvegarde et sécurité, de même qu'un enfant dépend de ses parents. Pour la conservation de soi, l'homme a conçu l'idée d'une âme immortelle ou Atman qui vivra éternellement. Dans son ignorance, sa faiblesse, sa crainte et son désir, l'homme a besoin de ces deux choses pour se rassurer et se consoler ; c'est pourquoi il s'y cramponne avec fanatisme et acharnement.
  D'enseignement du Bouddha n'entretient pas cette ignorance, cette faiblesse, cette crainte et ce désir, mais tend à rendre l'homme éclairé en les supprimant, en les détruisant et en les arrachant à la racine même. Selon le bouddhisme, les idées de Dieu et d'Âme sont fausses et vides. Bien que profondément développées comme théories, elles sont néanmoins des projections mentales subtiles enrobées dans une phraséologie philosophique et métaphysique compliquée. Ces idées sont si profondément enracinées dans l'homme, elles lui sont si proches et si chères qu'il n'aime pas entendre et ne veut pas comprendre un enseignement quelconque qui leur soit contraire."

 

Walpola Rahula, L'Enseignement du Bouddha, d'après les textes les plus anciens, 1961, Points Sagesse, 1971, p. 75-76.



  "La présentation du bouddhisme en Occident achoppe de manière saisissante sur la question de son rapport au divin. Le bouddhisme est en effet souvent décrit comme étant une religion athée, qui offrirait par là même une alternative à nos monothéismes, une simple morale. Les tenants d'une telle interprétation ne semblent nullement gênés par les grandes expositions régulièrement organisées où sont montrés des panthéons riches de multiples divinités et par les textes qui les évoquent, peu à peu traduits en français. Penser ainsi le bouddhisme comme athée est une vue de l'esprit qui provient d'une construction intellectuelle sans grand rapport avec la réalité de ce chemin spirituel. Une telle erreur repose cependant sur   L'existence d'un Dieu unique, créateur de la terre, du ciel et de toute chose, n'y trouve pas sa place. La conception religieuse comme détermination métaphysique d'un Dieu « volonté génératrice de toute existence et antérieure à toute existence » (Bakounine) lui est étrangère. En ce sens, les bouddhistes ne sont pas athées pour la raison très simple que l'idée de Dieu leur est inconcevable. Pour eux, un être personnel est forcément un individu ; il existe donc au milieu d'autres individus et dépend d'eux, comme ils dépendent de lui. L'absolu, s'il existe, ne peut pas être personnel. S'il l'était, il existerait dans cette situation d'interdépendance et, par là même, ne serait plus absolu.
  Le bouddhisme, ne connaissant pas le Dieu du monothéisme, est une tradition spirituelle non théiste, ce qui en constitue le caractère profondément unique. […]

  Une telle perspective transforme la compréhension habituelle d'une voie spirituelle, en ce qu'elle ne débouche pas sur la nécessité de croire en quoi que ce soit d'extérieur à nous, mais présente une discipline qui nous permet de nous ouvrir simplement à ce qui est. Autrement dit, le bouddhisme n'invite à nul désenchantement ni désacralisation du monde. Il inaugure, au contraire de ce que prétend la doxa, d'une manière unique, un rapport profond au divin, comme le visage toujours nouveau que nous présente l'éveil quand nous savons lui répondre."

 

Fabrice Midal, « La philosophie du bouddhisme », Nouvel Observateur hors série n° 50, avril-juin 2003, p. 8-9.

 

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Date de création : 17/11/2007 @ 17:11
Dernière modification : 19/04/2024 @ 12:37
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