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Texte à méditer :  La solution du problème de la vie, c'est une manière de vivre qui fasse disparaître le problème.  Wittgenstein
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Hors des sentiers battus
La solidarité/sécurité sociale ; société et devoirs
  "Oui, vous vous devez les uns aux autres sous mille formes diverses. Selon moi, le duc et pair se doit bien plus à l'artisan ou au pauvre, que le pauvre et l'artisan ne se doivent au duc et pair. Les obligations contractées s'accroissent en raison des bénéfices que la société présente à l'homme, d'après ce principe, vrai en commerce comme en politique, que la gravité des soins est partout en raison de l'étendue des profits. Chacun paie sa dette à sa manière. Quand notre pauvre homme de la Rhétorière vient se coucher fatigué de ses labours, croyez-vous qu'il n'ait pas rempli des devoirs ; il a certes mieux accompli les siens que beaucoup de gens haut placés."
 
Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836, Livre de poche, 1988, p. 169.

  "La liberté n'est autre chose que la possibilité pour l'être de tendre au plein exercice de ses facultés, au plein développement de ses activités ; en développant incessamment l'organe, la fonction élève l'être vers le degré supérieur d'existence où tend toute vie.
  La liberté du développement physique, intellectuel et moral de chacun des hommes est donc la première condition de l'association humaine. Et puisqu'il n'existe pas de puissance extérieure, État, société politique, à laquelle appartienne un droit opposable au droit de l'individu, la faculté du développement de chaque individu ne peut trouver de limite que dans la faculté du développement également nécessaire à chacun de ses semblables.

  Tout arrangement politique ou social qui cherchera à déterminer autrement les bornes de la liberté des hommes sera contraire aux lois naturelles de l'évolution de la société.
  Mais ces libertés des individus ne sont pas des forces indépendantes les unes des autres ; les hommes sont, non des êtres isolés, mais des êtres associés ; au point de contact, ces libertés, se limitant l'une l'autre, ne doivent point se heurter, se faire échec et s'entre-détruire, mais au contraire, comme des forces de même sens appliquées à un point commun, elles doivent se composer en résultantes, qui accroîtront le mouvement du système tout entier.
  Rousseau apercevait en partie cette conséquence quand, voulant montrer l'utilité du pacte social, il disait : « Chacun se donnant à tous ne se donne à personne, et comme il n'y a pas un associé sur lequel on n'acquière le même droit qu'on lui cède sur soi, on gagne l'équivalent de tout ce qu'on perd, et plus de force pour conserver ce que l'on a. » [Du contrat social, I, 6]
  Mais ce n'est pas seulement par une raison d'utilité, c'est par une raison de morale et plus rigoureusement encore par une raison de droit, qu'il est nécessaire qu'il en soit ainsi.
  L'homme vivant dans la société, et ne pouvant vivre sans elle, est à toute heure un débiteur envers elle. Là est la base de ses devoirs, la charge de sa liberté.
  L'obligation de chacun envers tous ne résulte pas d'une décision arbitraire, extérieure aux choses ; elle est simplement la contre-partie des avantages que chacun retire de l'état de société, le prix des services que l'association rend à chacun.
  L'obéissance au devoir social n'est que l'acceptation d'une charge en échange d'un profit. C'est la reconnaissance d'une dette.

  C'est cette idée de la dette de l'homme envers les autres hommes qui, donnant en réalité et en morale le fondement du devoir social, donne en même temps à la liberté, au droit individuel, son véritable caractère, et par là même ses limites et ses garanties."

 

Léon Bourgeois, Solidarité, 1896, Chapitre III, § 4, Armand Colin, 1902, p. 98-102.



  "Peu de questions relatives à la vie économique ont été aussi mal comprises que le problème de la sécurité économique. Et cette méconnaissance subsiste de façon frappante.
  Dans un type de société soumise au jeu de la concurrence, cette insécurité faisait partie du système. Le producteur ou le travailleur individuels pouvaient à tout moment voir changer subitement leur sort. Ce changement pouvait résulter de la paresse ou d'un manque de compétence qui leur faisaient perdre leur clientèle ou leur place. Mais les hommes les plus capables pouvaient souffrir d'un soudain changement sur­venu dans le goût des consommateurs ou subir le contrecoup de leur propre incompétence ou de celle de leur employeur. Ces changements imprévisibles de situation étaient à la fois inévitables et utiles. Ils étaient inévitables, car ils partici­paient à la souplesse du système qui était capable de s'adapter aux changements. Au fur et à mesure des transformations intervenues dans les besoins et les exigences, les hommes trouvaient de nouveaux emplois et en perdaient d'anciens. Les nouvelles industries requéraient le capital, qui se trouvait perdu pour les anciennes. L'insécurité était utile, car elle poussait les gens – patrons, salariés, travailleurs indépen­dants – à travailler de leur mieux et le plus efficacement possible, sous peine de voir leurs propres fautes retomber impitoyablement sur eux. Toutefois on appréciait cette insécurité, dont le principe ami paraissait si valable, presque exclusive­ment quand il s'agissait d'autrui, ou dans l'abstrait. On la considérait comme une nécessité de première importance pour stimuler les efforts d'autrui. L'individu semblait rarement la considérer comme vitale quand il s'agissait de lui. Les restric­tions de la concurrence et le libre mouvement des prix, prin­cipale source d'incertitude pour les entreprises ont surtout été déplorés par des professeurs d'université, nommés à vie. Ils estimaient en général la sécurité de leur emploi indispen­sable à l'éclosion de pensées fructueuses et élevées. Le souci des travailleurs préoccupés d'assurance-chômage ou d'assu­rance-vieillesse est apparu en général comme un signe d'indo­lence et de dégénérescence à des cadres qui auraient été fort peu attirés par des sociétés où ils risquaient d'être soumis à un licenciement arbitraire ou à des retraites insuffisantes. Les fermiers se sont vu reprocher de façon réitérée leur manque d'enthousiasme pour le système du libre prix, par des patrons dont les prix n'avaient pas changé depuis plu­sieurs années."

 

John K. Galbraith, L'Ère de l'opulence, 1958, 2e édition, 1969, tr. fr. Andrée R. Picard, Calmann-Lévy, 1970, p. 119-120.

 


Date de création : 05/03/2011 @ 14:45
Dernière modification : 29/11/2025 @ 09:44
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