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Texte à méditer :   Un peuple civilisé ne mange pas les cadavres. Il mange les hommes vivants.   Curzio Malaparte
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Hors des sentiers battus
Le christianisme
   "Les théologies chrétiennes ont toujours distingué ces trois sens du mot croire. Selon saint Thomas d'Aquin ciedere Deum, ciedere Deo, ciedere in Dewn. « Croire Dieu » signifie qu'on donne le pas à la parole, qu'on privilégie l'obéissance à Dieu, qu'on reconnaît son autorité quand il parle. « Croire à Dieu » signifie que l'on adhère à sa parole et au discours qui peut en résulter ; la formule ici privilégie le contenu du message et sa compréhension. « Croire en Dieu », enfin, signifie que l'on met au centre de la croyance, plus que la parole et le discours de la divinité, son être même, sa personne ; croire en lui c'est être lié à lui, exister par lui.
  Dans le christianisme, il y a tension permanente entre ces trois sens du mot croire, entre l'écoute d'une parole, l'adhésion à une doctrine et l'engagement envers une personne."

 

Jean-Pierre Sironneau, « La foi chrétienne et la science », Sciences humaines, n° 53, p. 25-26.


 
 "Comme Hegel l'a souligné, il est tout à fait trompeur de réduire la mort du Christ au geste sacrificiel d'un échange entre Dieu et l'homme. La Crucifixion ne peut pas être ramenée au sacrifice de ce qui était le plus précieux pour Dieu, son propre fils, dans le but de rédimer l'humanité et de racheter les péchés. Car, en adoptant cette interprétation traditionnelle, la question se pose immédiatement de savoir au bénéfice de qui, de quelle autorité supérieure à Dieu Lui-même, Il décide de sacrifier son fils ? À moins de faire l'hypothèse d'un jeu pervers avec Lui-même, et consécutivement avec nous, les humains... Ainsi, lorsque la Bible proclame que Dieu a sacrifié Son unique fils pour racheter les péchés de l'humanité, il n'y a que deux manières d'expliquer cet acte étrange :
  Dieu tout-puissant est un sujet pervers qui joue avec l'humanité ainsi qu'avec Son propre fils : Il crée la souffrance, le péché et l'imperfection afin d'avoir l'occasion d'intervenir et de résoudre le désordre qu'Il a Lui-même introduit, s'assurant ainsi la gratitude éternelle de la race humaine ;
  Dieu n'est pas tout-puissant : Il est à l'image du héros tragique grec, dépendant d'un Destin supérieur. Sa création, à l'instar de l'action fatale du héros grec, a d'affreuses conséquences. La seule façon pour Lui de rétablir l'équilibre de la Justice est de sacrifier ce qui Lui est le plus précieux, à savoir Son propre fils : en ce sens, Dieu en personne est le premier Abraham.
  La lecture traditionnelle masque ainsi le mystère dernier qu'implique la Crucifixion : la Crucifixion - la mort du fils de Dieu - est un événement heureux. Avec elle, la structure propre du sacrifice s'annule et donne naissance à un nouveau sujet dégagé de toute substance particulière, rédimé de tous les liens antérieurs (le « Saint-Esprit »)."
 
Slavoj Žižek, Fragile absolu. Pourquoi l'héritage chrétien vaut-il d'être défendu ?, 2000, tr. fr. François Théron, Champs essais, 2010, p. 225-226.

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Date de création : 23/05/2012 @ 15:56
Dernière modification : 03/05/2013 @ 14:13
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