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Hors des sentiers battus
La cité/société a pour fin le bonheur

  "Mais ce n'est pas seulement en vue de vivre, mais plutôt en vue d'une vie heureuse <qu'on s'assemble en une cité> (car autrement il existerait aussi une cité d'esclaves et <une cité> d'animaux, alors qu'en fait il n'en existe pas parce qu'ils ne participent ni au bonheur ni à la vie guidée par un choix réfléchi), ni en vue de former une alliance militaire pour ne subir de préjudice de la part de personne, ni en vue d'échanges dans l'intérêt mutuel, car alors les Tyrrhéniens et les Carthaginois, et tous ceux qui ont passé des conventions entre eux seraient comme les citoyens d'une cité unique.
[…]

  Il est donc manifeste que la cité n'est pas une communauté de lieu, <établie> en vue de s'éviter les injustices mutuelles et de permettre les échanges. Certes ce sont là des <conditions> qu'il faut nécessairement réaliser si <l'on veut> qu'une cité existe, mais quand elles sont toutes réalisées, cela ne fait pas une cité, car [une cité] est la communauté de la vie heureuse, c'est-à-dire dont la fin est une vie parfaite et autarcique pour les familles et les lignages. Certes cela ne sera pas sans que, aussi, <les gens> habitent un seul et même lieu et sans qu'ils recourent aux mariages entre eux. De là sont nés dans les cités alliances de parenté, phratries, sacrifices publics et autres activités de la vie en commun. Or toutes ces <relations> sont l'œuvre de l'amitié, car l'amitié c'est le choix réfléchi de vivre ensemble. La fin d'une cité c'est donc la vie heureuse, alors que les [relations] en question sont en vue de <cette> fin.
  Une cité est la communauté des lignages et des villages menant une vie parfaite et autarcique. C'est cela, selon nous, mener une vie bienheureuse et belle. Il faut donc poser que c'est en vue des belles actions qu'existe la communauté politique, et non en vue de vivre ensemble."


Aristote, Les Politiques, Livre III, chapitre 9, §§ 6-15, 1280 a 31-1281 a 4, tr. fr. Pierre Pellegrin, GF Flammarion, 1993, p. 234-237.

 

  "Mais ce n'est pas seulement en vue de vivre, mais plutôt en vue d'une vie heureuse <qu'on s'assemble en une cité> (car autrement il existerait aussi une cité d'esclaves et <une cité> d'animaux, alors qu'en fait il n'en existe pas parce qu'ils ne participent ni au bonheur ni à la vie guidée par un choix réfléchi) […].
  Il est donc manifeste que la cité n'est pas une communauté de lieu, <établie> en vue de s'éviter les injustices mutuelles et de permettre les échanges. Certes ce sont là des <conditions> qu'il faut nécessairement réaliser si <l'on veut> qu'une cité existe, mais quand elles sont toutes réalisées, cela ne fait pas une cité, car [une cité] est la communauté de la vie heureuse, c'est-à-dire dont la fin est une vie parfaite et autarcique pour les familles et les lignages. […]. Or toutes ces relations sont l'œuvre de l'amitié, car l'amitié c'est le choix réfléchi de vivre ensemble."

 

Aristote, Les Politiques, Livre III, chapitre 9, §§ 6-15, 1280 a 31-1281 a 8, tr. fr. Pierre Pellegrin, GF Flammarion, 1993, p. 234-237.

 

  "Ce qui définit la cité, c'est la communauté vouée à la vie bonne qui règne entre les familles et entre les groupements de familles, et qui a pour fin une existence parfaite, se suffisant à elle-même. Mais cela ne se réalisera pas s'il n'y a pas habitation d'un seul et même territoire et recours aux liens du mariage. C'est pour cette raison que, dans les cités, les sociétés de parenté et les groupements confraternels, les cérémonies de sacrifice et les réjouissances en commun ont vu le jour. C'est là la fonction de l'amitié, car l'amitié n'est pas autre chose que le choix de la vie en commun. On peut donc dire que la fin de la cité, c'est la vie bonne, et que toutes ces institutions, pour leur part, existent en vue de la fin. Une cité c'est une communauté qui se réalise entre groupements de familles ou entre villages pour une vie achevée et suffisante à elle-même, autrement dit pour une vie heureuse et honnête. C'est donc en vue d'actions droites que doit s'instituer la communauté politique, mais nullement en vue de la vie en commun."

 

Aristote, Politique, III, 9, 1280 b 33 - 1281 a 4.

 

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Date de création : 25/09/2013 @ 14:26
Dernière modification : 25/09/2013 @ 14:26
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