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Hors des sentiers battus
Le fondement des théories scientifiques

  "Un premier argument souvent avancé par les relativistes est que toute théorie scientifique inclut des croyances non fondées et, même, qu'elle repose toujours sur des croyances non fondées. Cette idée est développée par exemple par Kuhn, Feyerabend, ou Bloor, de manière différente par Barnes et, de façon la plus systématique peut être, par Hübner.
  C'est pourquoi il est commode de partir de cet auteur. Si ses travaux sont postérieurs à ceux de Kuhn ou Feyerabend, il est plus méthodique et plus analytique. Il développe de manière particulièrement claire un argument fondamental du relativisme, utilisé par bien d'autres que lui. Il s'agit du « trilemme de Münchhausen » rendu célèbre par H. Albert : de toute théorie, nous dit Albert, l'on peut affirmer : 1) soit qu'elle est fondée sur des propositions premières non fondées, 2) soit qu'elle repose sur des propositions fondées sur d'autres propositions gui devraient elles-mêmes être fondées sur d'autres, selon un processus de régression à l'infini, 3) soit qu'elle est fondée de façon circulaire sur des propositions qui appartiennent elles-mêmes à l'ensemble de ses propres conséquences. L'idée de baptiser ce théorème épistémologique « trilemme de Münchhausen » est une réminiscence des objections de Schopenhauer à la notion spinoziste de causa sui. Elle évoque, selon le philosophe allemand, cet épisode où le baron de Münchhausen tente de se soulever de terre en tirant sur sa natte.

  Cet argument démontre qu'aucune théorie déductive ne peut être considérée comme définitivement fondée. La seule exception possible serait celle des théories dont les prémices seraient purement empiriques. Hübner doute à juste titre que de telles théories existent vraiment. Même les théories les plus simples supposent la mobilisation de propositions qui ne sont jamais fondées de manière absolue. Ainsi, toute théorie utilise à un point ou à un autres des lois de type : si Y, Z. Le simple fait qu'on les évoque montre qu'on les suppose établies sur des observations qu'on suppose à leur tour fiables sur la base de règles procédurales fondées elles-mêmes sur certains principes, etc.
  Bref, sauf cas-limite, toute théorie suppose la mobilisation de propositions auxquelles on fait confiance, non parce qu'elles seraient fondées de manière irrécusable, mais plutôt sur la base d'un acte de foi."

 

Raymond Boudon, Le juste et le vrai. Études sur l'objectivité des valeurs et de la connaissance, 1995, Chapitre 13, Hachette Littératures, coll. Pluriel, 2009, p. 507-508.

 

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Date de création : 24/11/2014 @ 14:00
Dernière modification : 24/11/2014 @ 14:00
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