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Texte à méditer :  C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher.
  
Descartes
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Hors des sentiers battus
Les changements de régime politique

  "C'est une Rome désormais libre dont je vais retracer l'histoire politique et militaire, sous des magistrats élus pour un an, et sous des lois dont l'autorité est supérieure à celle des hommes. Cette liberté était un bien particulièrement appréciable après la tyrannie du dernier roi. Car ses prédécesseurs exercèrent le pouvoir de manière à mériter, tous tant qu'ils sont, d'être comptés comme fondateurs de Rome, ou du moins des quartiers neufs qu'ils lui ajoutaient pour établir le surcroît de population qu'eux-mêmes y introduisaient, et il est incontestable que ce même Brutus[1], qui eut la gloire de chasser le tyran, aurait fait le malheur de Rome en se passionnant prématurément pour la liberté et en arrachant le pouvoir à l'un des rois précédents. Que serait-il arrivé, en effet, si cette populace, faite de bergers et d'aventuriers fuyant leur patrie pour chercher dans l'asile d'un temple inviolable la liberté ou plutôt l'impunité, avait été affranchie de la crainte du roi ? Si elle avait commencé à être agitée par les tempêtes du tribunat et à engager dans une ville qui ne lui était rien une série de luttes contre les Pères, avant que l'amour conjugal, l'amour paternel et l'amour même du sol, fruit d'une longue habitude, n'eussent créé des liens entre les cœurs ? Cet État encore dans l'enfance eût été anéanti par la discorde. Mais, dans la tiède atmosphère d'un pouvoir calme et modéré, il puisa assez de sève pour pouvoir produire dans toute la maturité de sa force les heureux fruits de la liberté."

 

Tite-Live, Histoire romaine, fin du Ier siècle av. J.-C., Livre II, tr. fr. Gaston Baillet, Les Belles Lettres, 1962, p. 2.

 


[1] Brutus : il s'agit ici du "premier" Brutus, Lucius Junius Brutus, fondateur légendaire de la République romaine, qui renversa les Tarquins en -509 av. J-C., pour instaurer le consulat.


 

  "Quiconque veut éviter le vertige doit essayer de découvrir la loi qui régit le mouvement de balançoire. Nous semblons nous trouver, dans l'histoire, en face d'un mouvement de pendule, d'un balancement de l'absolutisme à la démocratie, de la démocratie à la dictature absolutiste.
  La quantité de liberté individuelle qu'un peuple peut conquérir et conserver dépend de son degré de maturité politique, Ledit mouvement de pendule paraît indiquer que la marche des masses vers la maturité ne suit pas une courbe régulière­ment ascendante, comme fait la croissance d'un individu, mais qu'elle est gouvernée par des lois plus complexes.

  La maturité des masses consiste en leur capacité, de reconnaître leurs propres intérêts. Mais cela présuppose une certaine compréhension du processus de production et de distribution des biens. La capacité d'un peuple de se gouverner démocrati­quement est donc proportionnelle à son degré de compréhension de la structure et du fonctionnement de l'ensemble du corps social.
  Or, tout progrès technique crée de nouvelles complications dans la machine économique, fait apparaître de nouveaux facteurs et de nouveaux procédés, que les masses mettent un certain temps à pénétrer, Chaque bond en avant du progrès techni­que laisse le développement intellectuel relatif des masses d'un pas en arrière, et cause donc une chute du thermomètre de la maturité politique. Il faut parfois des dizaines d'années, parfois des générations, pour que le niveau de compréhension d'un peuple s'adapte graduellement au nouvel état des choses, jusqu'à ce que ce peuple ait recouvré la même capacité de gouvernement de soi-même qu'il possédait déjà à une étape inférieure de sa civilisation, Partant la maturité politique des masses ne saurait se mesurer par un chiffre absolu, ma seulement de façon relative, c'est-à-dire proportionnellement au niveau de la civilisation à un moment donné.
  Lorsque le niveau de la conscience des masses rattrape l'état de choses objectif, il en résulte inévitablement pour la démocratie une victoire soit paisible, soit remportée par la force. Jusqu'à ce que le bond suivant de la civilisation technique – par exemple l'invention du métier à tisser mécanique – rejette les masses dans un état d'immaturité relative, et rende possible ou même nécessaire l'établissement sous une forme ou une autre, d'une autorité absolue."

 

Arthur Koestler, Le Zéro et l'infini, 1940, tr. fr. Jérôme Jenatton, Le Livre de Poche, 1974, p. 203-205.

 


Date de création : 28/10/2018 @ 08:45
Dernière modification : 28/10/2018 @ 08:59
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