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Texte à méditer :  La raison du plus fort est toujours la meilleure.
  
La Fontaine
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Figures philosophiques

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Hors des sentiers battus
Art et imagination

  "Le domaine de l'art n'est pas le réel. Alors même que les êtres que nous représente l'artiste sont directement empruntés à la réalité, ce n'est pas leur réalité qui fait leur beauté. Peu nous importe que ce paysage ait existé ici ou là, qu'un personnage dramatique ait vécu dans l'histoire. Ce n'est pas parce qu'il est historique que nous l'admirons au théâtre, c'est parce qu'il est beau : et notre émotion ne serait en rien diminuée, s'il était tout entier le produit d'une fiction poétique. Même, on a pu dire justement que, quand l'illusion est trop complète et nous fait prendre pour réelle la scène que figure l'artiste, le plaisir du beau s'évanouit. Assurément, si les hommes ou les choses, qui sont ainsi mis sous nos yeux, étaient d'une invraisemblance notoire, l'esprit ne pourrait pas s'y intéresser ; par suite, l'émotion esthétique ne pourrait pas naitre. Mais, tout ce qu'il faut, c'est que leur irréalité ne soit pas trop criante ; c'est qu'ils ne nous apparaissent pas comme trop manifestement impossibles. Et, encore, ne saurait-on dire à partir de quel moment, de quel point précis l'invraisemblable devient trop évident et trop choquant pour ne pouvoir être toléré. Que de fois le poète nous fait accepter des thèmes scientifiquement absurdes, et que nous savons tels ! Nous nous faisons volontiers complices d'erreurs dont nous avons conscience, pour ne pas gâter notre plaisir. En définitive, il n'y a pas, pour l'artiste, de lois de la nature ni de lois de l'histoire, qui doivent être, toujours et en toutes circonstances, nécessairement respectées. Ce qui explique ce caractère de l'œuvre d'art, c'est que les états intérieurs qu'elle traduit et qu'elle communique ne sont ni des sensations, ni des conceptions, mais des images. L'impression artistique vient de la façon dont l'artiste affecte, non pas nos sens, non pas notre entendement, mais notre imagination."

 

Émile Durkheim, L'Éducation morale, 1902-1907, 2e partie, II, II, 18e leçon (1903).



  "La valeur authentique de l'imagination ne concerne pas seulement le passé, mais aussi le futur : les formes de la liberté et du bonheur qu'elle évoque tendent à libérer la réalité historique. C'est dans son refus d'accepter comme définitives les limitations imposées à la liberté et au bonheur par le principe de réalité, dans son refus d'oublier ce qui peut être que réside la fonction critique de l'imagination.

    « Réduire l'imagination à l'esclavage, quand bien même il y irait de ce qu'on appelle grossièrement le bonheur, c'est se dérober à tout ce qu'on trouve au fond de soi de justice suprême. La seule imagination me rend compte de ce qui peut être. »

    Les surréalistes ont reconnu les implications révolutionnaires des découvertes de Freud. « L'imagination est peut-être sur le point de revendiquer ses droits. » Mais lorsqu'ils demandèrent : « Le rêve ne peut-il pas aussi s'appliquer à la solution des problèmes fondamentaux de la vie ? », ils allèrent au-delà de la psychanalyse en exigeant que le rêve se transforme en réalité sans compromettre son contenu. L'art s'est allié avec la révolution. Une adhésion sans compromis à la stricte vérité de l'imagination appréhende la réalité plus totalement."

 

Herbert Marcuse, Éros et civilisation, 1955, trad. E. Neny et B. Fraenkel, Le Seuil, col. Points, p. 142.

 

 

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Date de création : 06/10/2007 @ 10:56
Dernière modification : 18/04/2024 @ 14:45
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